QUELQUES PREALABLES POUR ABORDER L'ACTION
INTERNATIONALE

Investir le champ international, tout comme aborder la réflexion sur le développement, est une démarche qui doit être réfléchie et implique la nécessité d’établir des préalables à l’action.

En effet, il paraissait périlleux d’aborder un champ aussi vaste sans avoir un minimum de connaissances et d’atouts pour agir. Quatre préalables se sont alors imposés : Agir dans le cadre d’une logique de partenariat ; se former, s’éduquer au développement ; établir des liens de réciprocité et participer aux débats / réflexions sur le développement.

Les réflexions qui suivent sont inspirées par les débats et les échanges qui existent au sein de l’association.

   
 


Premier préalable : Des partenariats.

Sans entrer dans une analyse approfondie de l’histoire du développement et des courants qui ont marqué différentes phases, il existe une constante qui s’est toujours imposée et qui, malgré les multiples efforts de penser autrement un processus qui à montré ses limites, reste encore d’actualité et fortement ancré dans les rapports Nord-Sud : cette constante, c’est la volonté d’imposer un modèle existant, celui du "Nord", sans prendre en compte des spécificités, des particularités et des réalités à l’intérieur desquelles ce modèle ne fonctionne pas et devient source d’effets pervers et déstabilisants pour les sociétés qu’on est censé accompagner.

Le constat n’est pas celui de quelques groupes isolés ou ONG tiers-mondistes mais de nombreux organismes impliqués depuis longtemps dans les processus de développement. L’UNESCO avait même, à partir du constat, déclaré la période 1990-2000 la "décennie du développement culturel " en soulignant que les non prise en compte des facteurs culturels dans les processus de développement avaient abouti à un échec par rapport aux objectifs recherchés.

Mais lorsque l’on ne possède pas une connaissance approfondie des enjeux culturels, des spécificités économiques et des particularités sociales d’une région donnée, faut-il pour autant renoncer à agir ?

C’est à partir de ce point que le partenariat prend tout son sens. Depuis une vingtaine d’années (voire plus), nous assistons à l’émergence de nouvelles structures de la société civile au Sud (comme à l’Est). Ce sont des acteurs locaux qui ont une connaissance suffisante de leur environnement social, économique ou culturel et qui, à ce titre, sont des interlocuteurs privilégiés. Certes, ils ne détiennent pas forcement des vérités absolues et ont, tout comme nous, leurs limites. Mais la dynamique engendrée par ce type de partenariat, l’interaction qui découle d’une collaboration où chaque structure représente une source de savoir et d’innovation, sont sans doute les meilleurs moyens de ne pas tomber dans les pièges du modèle imposé.

De plus, peut-on désormais imaginer un processus de développement qui n’associe pas les premiers concernés, ceux qui sont censés en bénéficier… Pour aller un peu plus loin, peut-on imaginer un processus de développement qui ne soit pas initié par ceux-là ? La réflexion rejoint une approche qui nous paraît important dans le domaine de l’animation : L’animateur n’est pas celui qui "fait " ni celui qui "fait faire " mais celui qui "permet de faire", un accompagnateur.

C’est dans ce sens que le partenariat nous paraît comme le premier préalable à toute démarche de développement.



Deuxième préalable : L’Education au Développement. De la démarche intuitive à une démarche raisonnée.

Le deuxième préalable se traduit par une nécessité de se former et de former les acteurs des associations aux problématiques liées au développement.

Lorsque l’on découvre l’état du monde, les effets générés par ce que certains qualifient de "sous-développement", il est tout à fait normal et honorable de vouloir agir afin d’exprimer sa solidarité. L’expérience démontre néanmoins que de nombreuses actions entreprises sont non seulement inefficaces mais qu’elles peuvent aussi avoir des conséquences négatives (qu’elles soient, d’ailleurs, des projets individuels, associatives ou gouvernementales. Personne ne détient le monopole de l’erreur).

Si on cherche à éviter l’erreur et si on a l’ambition de prétendre à un minimum d’efficacité, il faut savoir traduire cette démarche intuitive et solidaire par une démarche raisonnée et réfléchie. C’est alors qu’il faut s’inspirer de l’histoire, de l’expérience et de la réflexion de ceux qui travaillent depuis des années dans le champ du développement.

Nombreux sont ceux qui proposent cette réflexion et il ne faut pas se priver d’aborder cette démarche avant de se lancer dans l’aventure que l’on revendique " solidaire ".

Nous vous proposons quelques pistes sur la page "ressources". N’hésitez pas à fouiller plus loin… aussi loin que possible !

   
   


Troisième préalable : A la recherche de la réciprocité.

Autre préalable qui nous paraît incontournable : la réciprocité. Nous ne nous posons, en aucun cas en tant que détenteurs d’un savoir absolu et incontestable, avec la "sainte mission" de sauver un monde de défavorisés qui, sans nous, n’auraient aucun issu à leur sombre sort. Le développement nous paraît, avant tout, comme étant un processus (et non un état) qui existe au travers de la dynamique qui s’établit entre plusieurs acteurs, endogènes et exogènes. Chacun contribue à cette dynamique et chacun s’enrichit du savoir de l’autre et du savoir qui découle de la relation. La question de départ est double :

    • Qu’avons-nous à apporter ?
    • Qu’avons-nous à recevoir ?

A ce stade, il faut sans doute nuancer notre propos lorsque nous affirmons " ne pas être une structure de développement ". En effet, nous ne sommes pas investis dans ce que l’on entend traditionnellement par des programmes de développement (Santé, agriculture, infrastructures, macro ou micro économie, commerce équitable etc.). Par contre, notre action se situe clairement dans une dynamique de développement et il faut que nous en soyons conscients si nous voulons prétendre à la moindre efficacité dans nos propres objectifs. Former des animateurs, travailler sur les problématiques liées à la gestion de projets ou soutenir des initiatives associatives sont autant d’actions qui s’inscrivent dans des processus d’évolution sociale. Elles ont un objectif, certes lointain mais néanmoins bien réel, de renforcement de la société civile. Dans des pays où la participation démocratique demande à être soutenue, de telles actions ont un sens bien concret… Peut être pouvons nous insinuer qu’il s’agit d’une base fondamentale de tout développement.

Sans réciprocité, ces bases restent de la pure théorie. C’est pourquoi, dans la conception et dans la réalisation des échanges et des formations, rien ne se fait sans concertation et le souci de réciprocité est toujours de mise.


Quatrième préalable : Etre présent et participer aux lieux d’échanges, de débats, de réflexions et d’innovations. La représentation.

"L’action alimente le discours qui initie l’action." C’est du moins ce que disaient les volontaires qui se rendaient compte que toute forme d’action doit trouver un prolongement dans une réflexion globale sur le sens de l’entreprise. Sans quoi, un projet commence et s’arrête, puis disparaît.

Participer au débat et à la réflexion, c’est utiliser un savoir pour inspirer de nouvelles actions et s’inspirer des autres pour évoluer soi même. C’est aussi le défi de la capitalisation.

Pour être en adéquation avec les idées mises en pratiques sur le terrain, il est important d’être présent au cœur des espaces où l’échange devient une force d’action…..

   

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