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DEVELOPPER
: QUI ? COMMENT ? POURQUOI ?
Qu'est-ce que le développement ? Peut-on réellement dresser
une barrière où, d'un côté, nous trouverons
les pays "en voie de..." et, de l'autre, les pays déjà
développés ? Où commence ce développement
et où finit-il? Finalement, c'est le "stade de développement" ou encore le fossé qui sépare les différents stades qui déterminera ce que l'on entend par "en voie de développement". Pour José AROCENA ,"Le Développement est une perpétuelle capacité d'évoluer dans un sens toujours chargé de positivité." Nous rejoignons l'idée de processus... Un processus qui n'en finit jamais et qui caractérise toute évolution humaine.
Si cette définition contribue à comprendre en quoi consiste
le développement, elle omet néanmoins une dimension qui
nous parait importante dans le cadre de ce document, à savoir que
la nature même du développement est étroitement liée
à la motivation et à la position des acteurs de ce développement. |
Partons donc de deux visions, et pour les illustrer, nous proposons un petit retour en arrière, à une époque où l'Eglise et l'Etat ne faisaient qu'un, et où notre civilisation "occidentale" découvrit le monde de "l'autre"... le Nouveau Monde. " L'extraordinaire combinaison de l'esprit militaire européen, de la technologie navale et du niveau relativement élevé de la résistance aux maladies a transformé l'équilibre culturel du monde dans un laps de temps étonnamment court. Christophe Colomb a relié les Amériques avec l'Europe en 1492 et les espagnols ont procédé à l'exploration, la conquête et la colonisation du nouveau monde avec une incroyable énergie, une sauvagerie excessive et un idéalisme missionnaire intense." (...) L'alliance intime avec l'église catholique n'était pas la seule source de la grandeur politique de l'Espagne. Les trésors américains et un considérable professionnalisme militaire ont aussi contribué à la puissance espagnole." Avec la conquête du Nouveau Monde, nous nous trouvons en présence de deux facteurs. D'un côté l'Etat, qui s'enrichissait en or et en pouvoir, et de l'autre côté l'Eglise, qui s'enrichissait en âmes... L'un travaillait pour ses caisses et l'autre pour une certaine idée du salut de l'Homme. Depuis, l'Eglise et l'Etat, dans la plupart des cas, ne font plus un, et il est intéressant de voir, dans les rapports Nord-Sud, que l'héritage laissé par ces deux courants est toujours bien vivant. En effet, l'aide au développement se traduit aujourd'hui par deux approches :
Développons donc les deux approches précédemment citées.
La théorie du GAP part d'un raisonnement qui parait a priori simpliste: pour que le pauvre rattrape le riche, il est nécessaire d'injecter assez de moyens (crédits) pour permettre un rattrapage. Ce "décollage" doit s'effectuer en cinq étapes :
1°) La société traditionnelle (absence de science et
de technologie). Cette
vision du développement tient bon jusqu'aux années soixante.
Si elle est progressivement abandonnée, ce n'est pas -comme certains
pourraient le penser- parce qu'elle est socialement et culturellement
irréaliste ("changement de mentalités"), mais
parce qu'elle est économiquement inapplicable : Des critères de définition du "sous-développement" apparaissent d'une façon plus globale dans les années soixante. Celles-ci sont encore utilisées aujourd'hui. Nous retrouverons toujours le produit national brut par habitant, le taux de croissance de la population, la part prédominante prise par le secteur primaire dans l'emploi de la population active et dans les exportations, ainsi que la faiblesse corrélative de l'industrie manufacturière. Mais à ces facteurs essentiellement économiques s'ajoutent d'autres considérations, telles l'importance des inégalités sociales et spatiales, l'importance de l'analphabétisme et de la malnutrition, la faiblesse des équipements sanitaires... , la nécessité de prendre en compte l'aspect "formation" et, depuis quelque temps, l'état de démocratisation des pays concernés (notion pouvant être associée à l'importance croissante accordée par les gouvernements aux droits de l'homme en général). Malgré tout, l'approche économique reste prédominante. L'ouvrage "Tiers Mondes / Controverses et Réalités" résume la situation à partir de 1978 ainsi : " 1978 L'IMPORTANCE DES POLITIQUES NATIONALES SUR LES DETERMINANTS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE. L'efficacité des aides extérieures se fera sentir à condition que les Etats bénéficiaires intègrent les éléments suivants :
- Des politiques monétaires et de crédits, car elles ont
des effets sur l'épargne et sur l'investissement ; 1980 AJUSTEMENT STRUCTUREL ET COORDINATION DE AIDES.
Les mesures internes de politiques économiques et de réformes
institutionnelles qu'adoptent un pays pour tenter de supprimer les déséquilibres
dont il souffre doivent être soutenues par la communauté
internationale.
* * * A travers cet exemple, nous constatons que l'approche est essentiellement à caractère économique et représente évidemment un choix, une orientation. L'aide au développement est d'ailleurs clairement définie dans ce sens.
"C'est le Comité d'Aide au Développement (CAD),
regroupant les principaux pays de l'OCDE, qui a donné une définition
de l'aide au développement admise dès 1969. Sont considérés
comme Aide Publique au Développement (APD) les apports de ressources,
fournis dans un cadre bilatéral au pays en Le souci d'intégrer les pays en voie de développement au sein d'un système économique mondial se retrouve dans un certain nombre de discours dont celui de M. Mitterrand dans sa lettre au Français, lors de sa candidature pour sa réélection, en 1988, où il précise les motivations de sa politique en faveur du Tiers Monde :
"... Mais il ne s'agit pas que de beaux sentiments. C'est aussi
notre intérêt, à nous, pays du Nord, dont les marchés
se rétrécissent, que d'ouvrir aux échanges internationaux
des centaines de millions d'hommes, prêts à produire, à
transformer, à acheter et vendre, à consommer..."
" La construction du Marché Unique Européen, l'ouverture
des pays de l'Est, l'essor du commerce international offrent autant d'opportunités
commerciales nouvelles à ceux de nos partenaires qui sauront le
saisir. Toujours est-il que nous pouvons y trouver une certaine conception du développement qui passe d'abord par l'économique et par la nécessaire adoption d'un modèle unique. Soulignons encore que ce discours fut prononcé à des chefs d'entreprises françaises en tant qu'investisseurs potentiels. M.Pelletier confirme par ces mots : "Nous ne pouvons pas nous désintéresser de cet immense marché qui sommeille à notre porte." Voilà qui est dit.
Bref, le mal est nommé : et dans ce cas il apparaît clairement
qu'il s'agit d'un sous-développement économique... et que,
selon les Etats, agences intergouvernementales et internationales, le
développement passe par une intégration des pays en voie
de développement (PED) au sein d'un système économique...
Ce modèle unique qui est le nôtre... "
Le développement ne se réduit pas à la "Tout
ce qui est humain est nôtre" Dans l'ouvrage "L'Etat du Monde" l'ONG est ainsi définie : "... La première impression qui domine est celle d'une grande diversité de situations. Au Nord et encore davantage au Sud, l'appellation ONG recouvre des réalités fort disparates, pour ne pas dire contradictoires. Trois éléments semblent cependant être retenus pour les caractériser : "- Un rapport spécifique à l'argent et au profit ; les valeurs de désintéressement et de gratuité sont fortement perçues et revendiquées. "- Un rapport spécifique aux gouvernements, aux partis et, de façon générale, à la politique ; l'apolitisme est constitutif de l'identité même dans la mesure où il s'agit précisément d'une organisation non-gouvernementale. "- Enfin, un rapport spécifique à l'espace international et plus précisément à l'espace Nord-Sud ; il est le théâtre d'activités diverses ; transfert de personnel, de denrées, d'argent, d'informations etc... "Petites ou grandes, anciennes ou nouvelles, nationales ou locales, confessionnelles ou laïques, indépendantes ou rattachées à un syndicat, une municipalité, un parti politique, une Eglise ou même une entreprise : avec ou sans volontaires, de courte ou de longue durée (plus de deux ans) ; spécialisée ou non sur un village, un pays ou un continent du sud, centrant ou non leurs efforts sur un domaine particulier (Santé, éducation, enfance, alimentation) les ONG en France se comptent par milliers." * * * ONG
- ETATS : Il existe une distance qui sépare les ONG et "l'aide officielle des Etats" et qui s'apparente à une relation "amour-haine"... les ONG qui se réclament du Tiers-mondisme, soulignent que le "mal-développement" est "intrinsèque au mécanisme actuel des relations économiques mondiales" . Pour expliquer les difficultés des pays du Tiers-Monde, des causes sont désignées : héritages du colonialisme, dépendances économiques, actions des multinationales... sans oublier l'incontournable dette ! D'une part , ces ONG remettent en question les facteurs économiques et sociaux du sous-développement tels qu'ils sont perçus par les Etats et, d'autre part, il leur est justement reproché de fonder leur discours sur des mythes fondamentaux qui "sont en contradiction avec les réalités économiques et sociales du sous-développement". Dialogue de sourds ? Dans une émission sur les vingt ans de Médecins Sans Frontières, Bernard Kouchner, alors secrétaire d'Etat à l'Action Humanitaire, reprochait aux ONG leur volonté d'indépendance excessive qui devient à force synonyme d'actions isolées, d'énergie dilapidée et d'argent gaspillé. Le premier accuse, le second réplique et ainsi s'enclenche un débat qui, alimenté par la passion et le pouvoir, se perpétue... pourtant, l'accalmie se pointe périodiquement et chacun chante les louanges de l'autre. " Les ONG ont, par leur souplesse, par leur ouverture, par leur insertion dans la société civile, une mission fondamentale de sensibilisation. Le Ministère de la Coopération et au Développement, sans négliger son action propre, entend amplifier son soutien (...) l'action des ONG est exemplaire, elle est un stimulant précieux pour la coopération publique française, et l'un des fondements de notre solidarité avec le sud." Jacques
Pelletier, (Note
de l'auteur. Ce texte date un peu mais illustre bien, même à
l'heure actuelle, les différentes approches du développement.
La situation s'est même complexifiée : en 1992, la présence
massive des ONG lors de la réunion du CNUCED à Rio engendrera
la démarche du développement durable et la nécessité
de prendre en compte aussi bien les considérations sociales que
les questions liées à l'environnement et la place de l'homme
au sein du système économique. Pourtant, dix ans après,
lors de la réunion de Johannesburg, ce sont essentiellement les
entreprises qui s'imposeront et on observe un retour en force des idées
purement économiques. Nous assistons ainsi à un retour sur
un courant qui a déjà montré ses limites mais qui
illustre bien les stratégies de la mondialisation néo-libérale
où même le développement représente désormais
un marché à exploiter.). |
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